Samedi à Diochon, Benoît Dubuisson – aka Benoît DBN – réalisera un rêve d’ado en donnant le coup d’envoi fictif du match Rouen-Granville. Entretien émouvant et vrai avec ce supporter-photographe dont l’amour pour le club ne s’est jamais démenti au fil de 45 ans de passion.

Benoît, peux-tu te présenter ?

Benoît Dubuisson, 59 ans, né à Yvetot, technicien en imagerie médicale. Comme j’aime à le dire, je fais des photos toute la journée, même au boulot ! J’habite avenue des Canadiens, à 300 mètres de Diochon !

Ton historique avec le FCR ?

Je suis venu au football assez tard, vers 14 ans, au moment de l’épopée des Verts. Un an plus tard, on m’a proposé d’aller voir un match à Rouen. J’étais issu de ma campagne, je n’allais jamais en ville et quand je suis arrivé au stade, ç’a été un choc. Ce jour-là, j’ai découvert le vert éclatant de la pelouse de Diochon sous l’éclairage artificiel et j’ai eu une révélation. J’ai trouvé ça d’une beauté incroyable, ça m’a marqué à vie. C’était un Rouen-Nancy, le 22 octobre 1977. Platini contre Horlaville. Quelques années plus tard, quand j’ai commencé à chercher du travail après l’Armée, on m’a proposé d’intégrer un cabinet d’imagerie situé au… 38 avenue des Canadiens. J’ai accepté aussitôt, sans même demander le salaire. Ma mère était effarée !

Quel est ton meilleur et ton pire souvenir lié au FCR ?

Il y en a beaucoup, dans les deux sens. J’ai la chance d’avoir connu la D1, avant toutes les dégringolades qui ont suivi. Mais mon meilleur souvenir est assez récent puisque c’est la rencontre de Coupe de France face à Metz, début 2020. Parce que c’est le match qui nous a remis dans la lumière, qui a permis de reparler de nous en bien. Quant au pire, c’est sans doute la descente en DH en 2013.

Comment expliques-tu que le club passionne toujours, malgré toutes ces années de déboires ?

On en discute parfois avec d’autres supporters. « Mais pourquoi on l’aime autant ce club ? » Ce n’est quand même pas facile de supporter un club aussi poissard. Je crois que ça va au-delà de la passion. C’est un attachement assez inexplicable…

Comment es-tu venu à la photo ?

J’ai commencé en 2004, d’abord pour filmer ma famille et mes enfants. Et puis j’ai commencé à en faire au stade, en tribune d’abord. À l’arrivée des réseaux sociaux, cela a pris de l’ampleur et dépassé ce que j’imaginais. Et en 2013, j’ai découvert le club plus en profondeur : supporters, joueurs, arbitres, délégués, dirigeants. À ce moment-là, mes photos servaient à faire vivre le FCR, à montrer par l’image que le club existait toujours.

« Je serai le représentant des anonymes qui aiment ce club par-dessus tout »

Que penses-tu du début de saison de l’équipe et quelles sont tes attentes ?

Vu l’intersaison mouvementée, on partait un peu dans l’inconnu, surtout avec cette série de matchs à l’extérieur pour débuter. C’était le scénario parfait pour se retrouver avec seulement un ou deux points après cinq journées. Pour le coup, les résultats sont plutôt bons jusqu’ici. Le match de Vannes donne des espoirs. Mais je pense que ce sera une saison de transition. Quand on change de direction, de staff, de système de jeu et d’une partie des joueurs, bref quand un nouveau projet se met en place, il faut du temps.

Samedi, tu donneras le coup d’envoi de Rouen-Granville pour le grand retour de l’équipe à Diochon. Que vas-tu ressentir en entrant sur la pelouse ?

Une grande émotion. Les premières fois que j’ai pu accéder au terrain pour faire des photos, c’était déjà un honneur et une grande excitation. Alors donner le coup d’envoi, quand je vois tous ceux qui sont passés avant moi, c’est presque un aboutissement en tant que supporter. J’ai beau être photographe et licencié du club, je reste un supporter avant tout. Samedi, ce n’est pas moi qui donnerai le coup d’envoi, mais tous les supporters ainsi que les bénévoles, les obscurs du club, auxquels on ne pense pas assez souvent. Je serai le représentant des anonymes qui aiment ce club par-dessus tout.