Formé à Rouen, Malik Abdelmoula est revenu dans son club de cœur l’été dernier. Frustré par cette saison tronquée qui ne lui a pas permis de montrer ses qualités, il explique sa décision de prolonger l’aventure et affiche ses ambitions.

Malik, après ta formation au FCR, tu as connu un parcours assez atypique…

Oui, j’ai été recalé par plusieurs centres de formation et je n’ai pas été retenu au dernier moment à Clairefontaine car on m’avait dit que je ne dépasserai pas 1,70m – aujourd’hui je fais plus d’1,80m… J’ai pris des claques pendant ma carrière mais je me suis toujours relevé. Après Oissel et Limoges, je suis parti en Suède (Örebro, D2) sur un coup de tête mais je n’ai jamais regretté car cette expérience m’a beaucoup apporté. C’est là-bas que j’ai appris à jouer « box to box », à mettre de l’impact dans mon jeu et à me projeter vers l’avant. J’ai ensuite fait le choix de revenir en France pour fonder une famille et j’ai alors travaillé comme assistant de vie scolaire, je m’occupais d’une petite malentendante dans sa classe. Côtoyer le milieu du handicap permet de revenir à l’essence même de la vie. Après sept mois sans jouer, j’ai retrouvé un projet en R1 à Flers avant de retourner à Oissel où on est tout de suite monté en N2, une première dans l’histoire du club. J’ai terminé meilleur joueur du groupe de N3 cette année-là et j’ai été recruté par Concarneau, où j’ai évolué sous les ordres de Benoît Cauet.

Ton choix de signer au FCR l’été dernier a surpris car tu sortais d’une très belle saison avec Concarneau (élu meilleur joueur par les supporters) et tu étais demandé par plusieurs clubs de N1…

C’est vrai. Je n’ai pas trouvé d’accord pour prolonger avec Concarneau et j’étais en contact avec pas mal de clubs de National, dont le Red Star et QRM. Le FCR m’a également sollicité et au départ, ce n’était pas mon objectif premier de descendre d’un cran. Mais le projet était ambitieux avec un super recrutement. Et puis bon, les supporters et la ferveur qui existent ici… Au final, c’était un choix logique de revenir là où j’avais été formé pendant sept ans. Le FCR est mon club de cœur, c’est là où j’ai appris à jouer au foot et connu mes meilleures années en jeunes. Rouen c’est chez moi. Je suis né ici, ma famille est ici, je me suis marié ici, mes filles sont nées ici… Je suis revenu pour finir d’écrire mon histoire avec ce club.

« On a de quoi faire très mal au milieu »

Qu’est-ce qui t’a convaincu de prolonger au FCR ?

L’échange que j’ai eu avec Arnaud Margueritte, qui est un super coach et un super mec. Son discours m’a convaincu. J’étais encore pas mal demandé en N1 (Laval, Créteil et Boulogne) mais je ne voulais pas partir par la petite porte en ayant joué seulement sept ou huit matchs. Si je dois repartir un jour, ce sera sur une belle saison et une montée.

Tu es un milieu complet mais on a du mal à savoir si tu es défensif, relayeur, offensif… Quel est ton poste de prédilection ?

C’est compliqué parce que chaque coach me voit et m’utilise différemment. Pour me décrire très simplement, je dirais que je suis un milieu défensif-relayeur avec un gros volume de jeu. Je peux jouer seul devant la défense en sentinelle, mais je suis plus à l’aise dans un système à deux, à plat dans un 4-2-3-1 ou un 4-4-2. Mon point fort, c’est de gratter des ballons et me sortir du pressing pour ensuite orienter le jeu vers l’avant.

Justement, cette saison les coachs souhaiteraient t’associer à Benzia pour former un binôme de milieux défensifs.

Effectivement. « Mouss », je le connais et on s’entend super bien, sur et en dehors du terrain. Si ça se confirme, on sera sûrement l’une des meilleures paires de récupérateurs en N2. On va ratisser un max de ballons, on va quadriller le terrain et ça va être dur de nous passer ! Avec Sall, Banor, Berrezkami, Diarra et les autres, on a de quoi faire très mal au milieu.

« Je peux faire beaucoup mieux »

Tu es arrivé avec un statut de joueur confirmé de National mais tu n’as pas eu le temps de montrer tes qualités et cela a provoqué une sorte d’incompréhension au sein du public. Nourris-tu un sentiment de revanche par rapport à ça ?

Oui et non. Non parce qu’on m’a recruté après une grosse saison en National et que je n’ai rien à prouver à personne. Et oui, parce que c’est à moi-même que je dois prouver que je peux réussir ici. Je suis revanchard par rapport à ça, parce que je sais que je peux faire beaucoup mieux. Je suis un compétiteur et j’essaie de ne pas me reposer sur mes acquis. Si on me fait confiance et si on me laisse m’exprimer, je montrerai que je peux réaliser de belles choses ici. Maintenant, il ne faut pas s’attendre à ce que je plante quatre buts et que je donne quatre passes décisives à chaque match. Je suis un joueur de collectif, de devoir, un soldat. Je me bats pour mes coéquipiers, en me concentrant sur le travail défensif. C’est ma vocation première. Je ne suis pas un messie, je suis un joueur simple, humble mais qui ne se cache pas.

Même si ce n’est pas l’objectif affiché, l’équipe peut-elle viser la montée cette saison ?

Le souci c’est qu’on est attendu chaque semaine parce qu’on est le FC Rouen. On joue souvent face à des blocs bas et ce n’est pas toujours facile de créer du jeu et de produire du spectacle. Et le problème en N2, c’est qu’il n’y a qu’une seule équipe qui monte à la fin. La base, c’est de faire un bon début de saison, marquer très vite des points et accumuler de la confiance. Puis voir où on sera avant la dernière ligne droite. J’ai vécu deux montées, une avec Limoges, une avec Oissel. Et à chaque fois, on n’avait pas du tout l’étiquette du favori. À Rouen, les attentes sont importantes, celles du club, celles des supporters, de l’environnement. Si on se met trop la pression avec ça, on ne montera jamais. Le mot d’ordre, c’est : faire une bonne prépa, créer une cohésion de groupe, prendre match après match et faire des séries. Et à la maison, avec le soutien de nos supporters, on doit être des tueurs. Il faut qu’on soit imprenable à domicile. Les équipes qui montent font souvent le plein à la maison et vont grappiller des points à l’extérieur. Cette année, le groupe va être plus restreint et c’est une très bonne chose. La saison passée, beaucoup de joueurs avaient le statut et le talent pour être sur le terrain mais se retrouvaient parfois en tribune. Avec ce duo de coachs qui connaît la maison, l’ossature qui a été conservée et l’apport de deux ou trois bonnes recrues, on va faire du bon boulot. On espère tous marquer l’histoire du club. Ramener le FCR et cette ferveur en National, ce serait l’accomplissement de ma carrière.