Enfant de la Normandie, Maximilien de Wailly vouait un amour sans limite au FCR depuis les années soixante-dix. Portrait en forme d’hommage d’un vrai passionné.

Le cœur est un organe capricieux. Siège de la passion et des sentiments, il vibre au rythme des bonheurs et des chagrins de la vie. Mais il peut aussi vous l’ôter en un claquement de doigts. Le cœur de Maximilien de Wailly battait pour sa famille, ses proches, ses amis. Mais aussi pour son club de toujours. Celui de son enfance. Au collège, l’adolescent arrive en cours avec l’écharpe du FCR autour du cou et écrit les noms des joueurs au tableau. Presque une anomalie pour lui, né à Dieppe mais qui grandit à Paris. Seulement, la Normandie l’attire. Irrésistiblement.

Chaque week-end, l’étudiant en droit rejoint la maison familiale dans la vallée de la Scie, où sa famille maternelle est établie depuis des générations. « On était étudiant et on n’avait pas un rond, se souvient Henri Le Gouis, son meilleur ami. Alors dans les descentes, on coupait le moteur pour économiser l’essence. Max voulait absolument rentrer tous les week-ends en Normandie, notamment pour pouvoir aller au match. » Le samedi soir, qu’il neige, qu’il vente ou qu’il pleuve, la 104 Z jaune avale les kilomètres de campagne et traverse le pays de Caux pour rallier Diochon. Accompagné de son frère aîné et de quelques amis, Maximilien assiste aux matchs de D1 face à Saint-Etienne, Marseille ou Paris, dans les effluves de frites et de bière. Époque dorée où les Diables Rouges ferraillent chaque week-end avec l’élite du foot français.

Ayant perdu son père jeune, Maximilien doit rapidement subvenir à ses besoins. Il s’exile à Londres et enchaîne les petits boulots mais les débuts sont difficiles et sa situation financière se dégrade. De retour en France, il découvre l’immobilier. C’est la révélation. Sa carrière décolle, il rejoint de grandes banques d’affaires et rencontre le succès. Sans jamais perdre de vue l’essentiel : sa famille, ses amis… et le FC Rouen. « Dès qu’il a eu un peu d’argent de côté, il a voulu investir dans le foot, en Normandie, raconte Henri Le Gouis. C’était son but, son obsession. Alors quand il a eu la possibilité d’entrer comme actionnaire puis dirigeant au FCR, il n’a pas hésité. C’était un aboutissement pour lui.« 

« Allez les gars, allez, allez, on se bouge »

Les années passent et la passion ne se dément pas. Entre deux rendez-vous professionnels – à Paris ou ailleurs -, il saute dans sa voiture et file à Diochon suivre son équipe. Jusqu’à la consécration, au printemps 2021, lorsqu’il accède à la présidence du club. « Il était très à l’aise pour parler en public, pourtant je ne l’ai jamais vu aussi stressé que la veille du jour où il devait s’exprimer pour la première fois en tant que président du FCR. J’étais avec lui, il se mettait une pression énorme et m’a rabâché son discours des dizaines de fois. On avait même fait une répétition pour l’aider. Pour lui, c’était comme repasser l’oral du bac. »

Son projet pour le club est clair, carré et ambitieux. À son image. D’abord restructurer le club en profondeur, puis le faire remonter dans la hiérarchie. « C’était une immense fierté que de pouvoir accéder à cette responsabilité. Il voulait rendre au FCR les émotions que le club lui avait fait vivre gamin. C’était vraiment l’accomplissement de sa vie. » Lors de chaque match à domicile, Maximilien promène sa silhouette élancée dans les allées de Diochon, salue tout le monde, hume l’atmosphère… Pendant la rencontre, il n’est pas rare d’entendre sa voix dégringoler du haut de la tribune présidentielle : « Allez les gars, allez, allez ! » ou encore « un peu de pudeur monsieur l’arbitre ! »

Le foot, les potes, le partage. La Sainte-Trinité du gamin de Dieppe devenu entrepreneur, qu’il perpétue chaque semaine en jouant avec ses amis et ses fils. Avant de voir sa vie brusquement et injustement écourtée, Maximilien de Wailly aura eu la chance de réaliser son rêve. Et peut-être posé les premières pierres des succès à venir. De là-haut, quelque part, nul doute qu’il s’assurera que son héritage est conforme à ce qu’il souhaitait. Oui, nul doute que Maximilien continuera à suivre de très près les Diables Rouges. Ses Diables Rouges.

Le FC Rouen 1899 ne l’oubliera pas.