Photo : © Bernard Morvan/FC Rouen 1899

Alors que l’ensemble des championnats amateurs sont à l’arrêt depuis octobre, Ben Mladjao entraîne la R1 Féminine depuis bientôt deux ans. Il revient avec nous sur son parcours de joueur jusqu’à sa reconversion en tant qu’entraîneur et sur les conséquences de la situation sanitaire liée au Covid.

Ses premiers pas dans le foot

« Tout d’abord, j’ai commencé le football à l’âge de 11 ans en banlieue parisienne. Puis, j’ai intégré la sélection des Hauts-de-Seine (92) en U14. Par la suite, j’ai évolué à l’AS Meudon avec certains coéquipiers connus aujourd’hui comme Samuel Moutoussamy (FC Nantes) ou Manoubi Haddad (Quevilly). C’était des belles années avec les péripéties du football parisien. »

« Ensuite, mes parents m’ont envoyé en école militaire à Grenoble. J’ai joué deux saisons là-bas, empoché mon bac avant de partir pour Chambéry en 19 DH. Puis, je suis revenu jouer à l’AS Meudon, avant de partir aux USA. »

Son aventure aux USA

« L’agent qui s’occupait de moi à l’époque envoyait des joueurs aux USA. J’ai fait partie des premières générations de joueurs français à partir là-bas. J’avais l’occasion de jouer des matchs de haut niveau dans des infrastructures énormes. Le stade de la fac faisait 105 000 places, c’est plus grand que le Camp Nou ! »

« En parallèle, je suivais des études de communication dans une université, en Louisiane. C’était une super expérience. Les Américains sont très professionnels, très carré et dédient une importance au sport que nous n’avons pas forcément en France. J’ai appris de nouvelles façon de bosser et l’opportunité d’entraîner en anglais ce qui est loin d’être évident. »

Sa reconversion en tant qu’entraîneur

« Après mon retour en France, je fais une escale par le Racing 92 en région parisienne et je signe à Deville Maromme, dans le même wagon que David Giguel. Il y avait une grosse équipe et des visages connus puisque que je retrouvais Kader N’Chobi que j’avais déjà croisé dans les différents championnats en jeunes.

 » Le club monte en National 3 mais ce n’est pas une bonne saison pour moi avec beaucoup de blessures et le coach part en fin de saison. La saison suivante en N3 est difficile aussi avec toujours autant de blessures (4 fois le genou et la cheville). J’encadrais déjà des équipes depuis l’âge de 15 ans et entraîner faisait partie du contrat que j’avais avec le club. J’ai toujours entraîné à côté de mon activité de joueur. »

« Ma dernière opération m’a vraiment écœuré et j’ai pris la décision de me consacrer à l’entraînement. David Giguel m’a proposé le projet du FC Rouen. J’ai mis du temps à accepter parce que cela voulait dire que j’arrêtais officiellement de jouer. Mais, il a su trouver les bons mots pour me convaincre. »

Ses ambitions avec la R1F et le point sur la situation actuelle

« Le contexte est compliqué. Dix saisons consécutives en D2 avec des joueuses de classe européenne, une descente en R1 et l’échec de parvenir aux barrages d’accession la saison précédente à un point… L’équipe avait beaucoup de qualité, mais l’échec de la remontée engendre 13 départs dont des joueuses importantes comme Sylia Koui au HAC ! C’est énorme. »

« C’est un vrai chantier. L’objectif c’était de bâtir avec les jeunes et les anciennes qui étaient là pour aller jouer les 3 premières places. »

« C’est difficile parce qu’on essaie de construire une dynamique, de faire des projets et tout tombe à l’eau. Le football féminin a déjà son lot de blessures, un arrêt aussi long ne va pas améliorer les choses. »

« Je pense que c’est une période difficile pour les joueuses, c’est sûr même. On joue au football pour la compétition et nous attendons le dimanche avec impatience. Puis, nous avons eu la tragique nouvelle de Mélissa Langlois qui s’est suicidée. C’est représentatif du mal-être que peut causer ce genre de mesures. C’est une période qui est compliquée et qui laissera sans aucun doute des traces indélébiles. »

« On ne se rend pas compte de l’impact qu’a le sport dans nos vies, c’est malheureux. Je rejoins les propos de David Giguel il y a quelques jours, on a le sentiment que ce que l’on fait n’a pas d’importance, il y a une forme de manque de respect. »