À seulement 22 ans, Vera Lino a été intronisée cet été à la tête de l’équipe féminine en remplacement de Ben Mladjao. Inspiration, projet de jeu, ambition : la jeune coach des Diablesses fait le tour de la question.

Vera, peux-tu te présenter en quelques mots ?

J’ai 22 ans, je suis née à Vagos au Portugal, j’habite à Rouen et le foot est aujourd’hui mon activité principale.

Comment es-tu venue au foot ?

D’abord par mon père. Le fait de le voir jouer a dû m’influencer. Mais il ne m’a jamais poussée à m’y mettre, cette passion est venue de moi. Bon, étant Portugaise, j’avoue que Cristiano Ronaldo a bien aidé (rire) ! J’ai commencé à l’âge de 6 ans à Ézy-sur-Eure, avant de rejoindre Pacy-sur-Eure, où j’ai joué en équipe de l’Eure et de Normandie. J’ai ensuite arrêté pour raisons familiales et je suis passée au futsal pendant mes années collèges. Au lycée, j’ai repris le foot à Evreux mais j’ai contracté une blessure au niveau de la cheville qui a été mal soignée et m’a obligée à arrêter. Et l’an dernier, j’ai commencé en tant que coach à Angerville-la-Campagne.

Comment ton arrivée au FCR s’est-elle décidée ?

Cela s’est fait en deux étapes. Quand j’ai vu que Ben Mladjao, l’ancien coach, quittait le club, j’ai envoyé un mail à Sarafoulé Mendy pour postuler. Je n’ai pas eu de réponse tout de suite mais j’ai été mise en relation avec lui par la suite et j’ai passé les entretiens. Et me voilà coach de la R1 et responsable du pôle féminin !

L’envie de coacher était en toi ou l’arrêt de ta carrière a changé tes plans ?

Cela a forcément accéléré les choses parce que j’aurais aimé continuer à jouer. Parfois, lors des entraînements avec les filles, je me rends compte que ça me manque. Mais au final, je préfère être sur le banc, donner mes directives et pousser l’équipe le plus loin possible. C’est venu du jour au lendemain mais cela devait être ancré quelque part en moi car je m’y épanouis.

Y a-t-il un ou une coach dont tu t’inspires au niveau technique ou en termes de management ?

Je ne regarde pas beaucoup les matchs à la télé mais en terme de management, c’est Pep Guardiola. J’ai regardé ses entraînements à Manchester City, ses causeries d’avant-match ou pendant la mi-temps. Il vit, respire et transpire foot. C’est de lui dont je m’inspire le plus, je trouve que ce qu’il propose comme contenus à l’entraînement est très intéressant.

 

« Le foot n’a pas de sexe »

Quel schéma et quel style de jeu souhaites-tu mettre en place ?

L’effectif a été pas mal renouvelé, toutes les bases sont à reconstruire et on a décidé de privilégier la solidité dans un premier temps. Donc, on travaille sur ça en jouant sur la vitesse de nos excentrées qui se projettent très vite vers l’avant en contre. C’est assez défensif mais vu notre objectif, c’est le plus adapté.

Quel est-il, cet objectif ?

On vise un maintien tranquille en milieu de tableau. On a un bon effectif donc il y a des victoires qu’on peut aller chercher. En revanche, il y a de grosses équipes dans cette poule contre lesquelles il faudra tenter d’accrocher le nul. Les filles savent que dans ces matchs-là, on va subir. Mais elles ont la bonne mentalité et sont préparées à tout.

En R1F, le premier match de la saison s’est soldé par une défaite à Evreux. Qu’en as-tu retiré ?

On aurait pu prendre le point du nul. On encaisse un but un peu bête mais les filles n’ont pas baissé les bras. On n’était pas favorites et je pense que beaucoup nous voyaient revenir avec une défaite plus lourde. Il y a des points positifs. Mais il reste beaucoup de travail.

Cette R1F normande est très hétéroclite, avec des scores énormes lors de la première journée…

Complètement. Il y a eu des scores monstrueux et c’est un peu dommage d’avoir autant de différences de niveau. Chaque week-end, il faut s’adapter à l’adversaire et cela n’aide pas à mettre en place un projet de jeu récurrent. Ce week-end, face à l’AG Caen qui est un gros morceau, on ne jouera pas du tout de la même façon que contre d’autres équipes.

Qu’as-tu envie de dire aux jeunes femmes de la métropole qui auraient envie de faire du foot ?

L’un de mes coachs m’a dit un jour : le foot n’a pas de sexe. Ça m’a marqué. C’est vrai que gamine, j’étais la seule fille et j’ai subi des moqueries. Mais cette phrase m’est restée en tête. Aujourd’hui le foot féminin est pris au sérieux, les clubs mettent de plus en plus de moyens. Mon groupe est déjà bien étoffé mais si des filles ou des femmes de la métropole veulent franchir le pas, qu’elles n’hésitent pas à nous contacter !