Expatrié depuis son départ du centre de formation du HAC, Baïdy Sall a attendu d’avoir 32 ans pour retrouver sa région natale. Avec l’ambition de produire du jeu, de prendre du plaisir et d’en donner au public de Diochon.

Baïdy, tu as fait toutes tes classes au HAC aant de quitter la Normandie.

Exact. J’ai joué de 5 à 17 ans au Havre, puis je suis passé par Brest, Nord-Lozère en R1, avant d’enchaîner à Montluçon puis Colomiers en CFA, où j’ai réalisé une grosse saison avec 11 buts et 7 passes décisives. Ce qui m’a valu d’être recruté par le Red Star en National. Ma première année avec le club audonien a été une saison blanche, avec deux fractures du métatarse consécutives et une déchirure de l’aponévrose de 8 centimètres.

Tu rebondis ensuite à Hyères avant de rejoindre Le Puy, où tu vas passer six ans et connaître deux montées.

C’est rare de passer autant de temps dans un club mais j’en suis assez fier parce que j’ai offert de la stabilité à ma famille. C’était une expérience incroyable, avec une montée en National au bout alors que je revenais tout juste des « croisés ».

Comment se sont noués les contacts avec le FCR l’été dernier ?

Déjà, il y a cinq ans, j’avais été en contact avec Romain Djoubri au moment où le club était en R1. Et l’an dernier, un ami qui avait joué avec Arnaud Margueritte a parlé de moi. Cela a pris un peu de temps mais j’avais vraiment envie de venir et ça s’est fait.

Je voulais retrouver ma Normandie natale pour me rapprocher de ma famille.

Avec l’arrêt prématuré de la saison, tu n’as pas eu le loisir de montrer l’étendue de tes qualités…

D’autant plus que je ne jouais pas à mon poste. Quand tu arrives à Diochon, que tu as envie de prouver ta valeur et qu’on te met latéral gauche alors que t’as toujours joué au milieu, ce n’est pas évident.

Toi qui as joué dans des clubs de National, comment juges-tu les infrastructures du FCR ?

Elles sont dignes de la Ligue 2. Les installations, la ville, les supporters… Ce club doit jouer au-dessus. Il a juste besoin d’un peu de stabilité et de patience. Ce n’est pas évident dans des clubs comme ça, comme Rouen, Toulon ou Sedan, ce que j’appelle des « petits Marseille », qui ont un passé glorieux et ne sont pas au niveau qui devrait être le leur. D’autant que le N2 est, pour moi qui ai connu le niveau au-dessus, le championnat le plus compliqué. Il faut faire une saison quasiment parfaite si tu veux monter.

« À Guingamp samedi dernier, cela faisait longtemps que je n’avais pas pris autant de plaisir sur un terrain »

Avec l’intersaison agitée que le club a connue, as-tu songé à partir ?

Jamais. Et je ne regrette pas car c’est mieux pour moi cette saison. Je m’entendais bien avec le coach Giguel, mais je pense que je n’étais pas le style de joueur qu’il recherchait et à l’inverse, le style de jeu qu’il prônait n’était pas forcément fait pour moi. Cette année, je sens plus de confiance de la part du staff.

Quel est ton poste de prédilection dans l’entrejeu et dans quel système préfères-tu évoluer ?

Tu me mets où tu veux tant que c’est au cœur du jeu. Sentinelle, relayeur ou meneur, je peux évoluer à tous les postes du milieu mais toujours dans l’axe. Je suis à l’aise dans un 4-3-3 mais le 4-4-2 en losange qu’on a proposé à Guingamp, c’était top parce qu’il y a toujours un mec libre et tu peux combiner. C’est ce qu’on a fait avec Omar, Djibi, Mouss’, Jaja et Barth’. C’était vraiment plaisant.

À travers les matchs de préparation et à Guingamp samedi, on constate que l’équipe a la volonté de produire du jeu, en repartant de derrière et en ayant la possession.

Exactement. C’est facile de jouer physique mais ce n’est pas donné à tout le monde de produire du jeu. Parce que ça implique de prendre des risques. Quand tu repars de derrière, si tu perds la balle, c’est tout de suite dangereux. Mais il faut le faire. Le foot est un jeu, il ne faut pas l’oublier. À Guingamp samedi dernier, cela faisait longtemps que je n’avais pas pris autant de plaisir sur un terrain. J’ai hâte de pouvoir réitérer ce genre de prestation à Diochon.

Pourtant, beaucoup d’observateurs disent que pour se sortir de ce bourbier qu’est le N2, il faut avant tout miser sur le physique et l’agressivité…

Pas d’accord. Avec Le Puy, je suis monté en faisant du jeu. Alors il faut aussi avoir la hargne, parce que si tu ne mets pas le pied, ça ne passe pas. Mais on peut tout à fait concilier les deux. Il y a deux ans, quand le FCR a failli monter, c’est Saint-Brieuc qui a décroché l’accession. Et tout le monde était unanime pour dire que le Stade Briochin était l’équipe qui jouait le mieux au ballon.

Pour finir, quel message as-tu envie de faire passer aux supporters ?

Soyez patients. Je sais qu’au FCR tout le monde a envie de retrouver le niveau au-dessus. Les choses vont se faire. Pour ceux qui ne sont pas convaincus, je les invite à venir nous voir aux entraînements pour qu’ils se rendent compte du plaisir et du sérieux qui règnent pendant les séances. Continuez à nous soutenir, vous n’allez pas être déçus cette année.