Didier Notheaux, marqué au fer rouge
Photo : © Bernard Morvan/FC Rouen 1899
Alors que Didier Notheaux s’est éteint à l’âge de 73 ans, le FC Rouen a tenu à rendre hommage à l’un des plus brillants représentants de sa longue histoire. Cet article est tiré du livre « Cent ans de football à Rouen » paru en 1999. L’occasion de découvrir une légende du club pour les plus jeunes, et d’ouvrir la boîte à souvenirs pour les plus anciens.
« Ah, le FCR... » À l’évocation du club qui l’a vu naître, son club, Didier Notheaux se souvient avec émotion de ses débuts. Car s’il n’est pas un pur produit du FCR (il a débuté en pupilles à Déville), l’actuel consultant de Canal+ et d’Eurosport aura tout de même effectué dix-neuf saisons sous le maillot rouge ! « Rouen m’avait fait venir en minimes et j’ai ensuite joué dans toutes les équipes. En 1970, mon rêve de gosse s’est réalisé lorsque j’ai signé mon contrat pro avec Roger Rizzi, l’entraîneur qui m’a sûrement le plus marqué. C’était un meneur d’hommes. Lui, il nous faisait grimper aux arbres ! » Le public normand se reconnaît rapidement dans ce défenseur rugueux, athlétique et qui sait aussi être efficace devant le but. « J’ai toujours aimé monter sur les coups de pied arrêtés, et puis j’ai planté quelques coups-francs aussi« , explique-t-il avant d’ajouter, goguenard : « Par dessus le mur… et bien avant Platini« .
Didier est un battant et ne tarde pas à se faire remarquer par les clubs de l’élite. Le 9 mars 1973, Rouen élimine Lens en 16e de finale de la Coupe de France. Le libéro normand réalise un match énorme au retour à Bollaert. Les Sang et Or sont sous le charme et s’attachent presque aussitôt les services du Rouennais. « J’étais en fin de contrat avec Rouen« , se souvient Didier. « Malgré d’autres propositions, j’ai tout de suite choisi le Racing. Le public lensois m’attirait…« . Avec les Nordistes, Didier jouera une finale de Coupe de France (perdue 2-0) face à Saint-Etienne, au Parc des Princes, et quatre matches de Coupe des Coupes la saison suivante. « C’est à ce moment-là que j’ai débuté une carrière d’avant-centre. Et ça marchait plutôt bien. J’ai marqué quatre buts en quatre matches de championnat.«
Après une année « galère » à Rennes, marqué par une pubalgie tenace et une descente en D2, celui qu’on surnomme « Attila » revient dans le club de son cœur à l’aube d’une saison 77-78 qui voit les Diables Rouges renouer avec la D1. « Le FCR, c’était mon club. J’étais marqué au fer rouge… » L’équipe fait l’ascenseur, mais Didier Notheaux en profite pour passer ses diplômes d’entraîneur, à 30 ans à peine. Deux saisons de plus à Rouen en D2 et il embrasse une nouvelle carrière, de l’autre côté de la barrière. C’était écrit. N’avait-il pas déclaré à Paris-Normandie le 20 septembre 1973, à tout juste 25 ans : « Je compte devenir entraîneur plus tard« .
La plus célèbre moustache du foot français se baladera de Lisieux au Burkina Faso (qu’il a qualifié pour la CAN) en passant par Le Havre, Mulhouse, Reims, Rennes, Valence, Sochaux et Saint-Denis-Saint-Leu, faisant monter les uns ou sauvant les autres. « J’ai toujours avancé en ouvrant ma gueule. Mais aujourd’hui, aucun des joueurs que j’ai entraîné ne passera devant moi sans venir me saluer. J’ai toujours été droit. » Quant aux Diables Rouges, il n’a qu’un seul souhait : « Voir Rouen retrouver son passé. Une ville de foot comme Rouen devrait avoir un club en D1. Le public le mérite…«