• Samedi, face à Cherbourg, Bernard Leroux donnera le coup d’envoi fictif du match. À 89 ans, il est à la fois le plus ancien abonné du FCR et la mémoire vivante du club. Diochon, Lenoble, Monin, Melchior… Il a croisé toutes les figures historiques du club. Entretien drôle et touchant avec ce fidèle qui supporte le club depuis plus de… 80 ans ! 

    Monsieur Leroux, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

    Bernard Leroux, 89 ans, né à Rouen le 21 mars 1932. Je vis aujourd’hui à Grand-Quevilly et j’étais comptable de profession.

    Quel est votre premier souvenir lié au FCR ?

    Je ne m’en souviens plus aujourd’hui mais mon père m’avait dit que j’avais vu mon premier match du FCR en 1939, à l’âge de 7 ans. Je me considère comme supporter du FCR « conscient » depuis 1941. Dans ces conditions particulières de la Guerre, ce club a marqué ma vie. C’est mon club de naissance, en quelque sorte. J’ai connu à l’école Michel Pinot (secrétaire général du club pendant près de 60 ans, disparu l’an dernier) puis côtoyé ensuite des joueurs du FCR qui étaient avec moi au lycée Corneille… J’ai trempé dans le FCR depuis tout jeune.

    Vous devez avoir des milliers d’anecdotes au cours de ces huit décennies de soutien au club… 

    J’ai tellement de souvenirs que tout ne m’est pas resté en mémoire. J’ai connu l’époque de Rio puis celle de Melchior mais je me souviens surtout des matchs de Coupe des Villes de foire, où on s’était très bien débrouillé. Aujourd’hui, j’ai oublié le déroulement de certains matchs mais ces souvenirs restent dans ma tête. J’ai assisté au match nul 0-0 face à Arsenal, j’ai assisté à la victoire 3-0 face au Bayern, plus tard au 7-1 contre Nancy… Oui, j’ai vu parmi les plus grands matchs de l’histoire du club. Il n’y a que le Rouen-Marseille de 1993 que je n’ai pas vu. Je savais qu’il y aurait des combines et que le FCR se ferait voler alors je n’ai pas voulu y aller pour ne pas être malheureux. Et j’ai eu raison…

    Votre passion ne s’est jamais démentie, même pendant les heures sombres ?

    Jamais ! Enfin, sauf entre 1976 et 1978. J’ai exceptionnellement délaissé le FCR parce que j’ai « attrapé la foi ». J’ai été touché par une foi particulière et pendant deux ans, j’ai suivi le club de loin. Je n’allais plus au match car j’avais un travail trop important dans ma communauté chrétienne.

     

    « Tant que je serai vivant et que je pourrai aller à Diochon, j’irai »

     

    Vous qui avez connu les meilleures périodes de l’histoire du club, prenez-vous toujours autant de plaisir, aujourd’hui que le FCR est un peu plus bas dans la hiérarchie ?

    Oui. Le FCR, ce n’est que du plaisir. Le foot, je pourrais m’en passer. Pas le FCR. Je ne suis pas toujours en grande forme mais tant que je serai vivant et que je pourrai aller à Diochon, j’irai. Tant que des fans continueront à suivre le club, le FCR restera vivant et personne ne pourra l’écraser comme certains ont essayé de le faire.

    Occupez-vous toujours la même place à Diochon ?

    Oui, pratiquement. Toujours dans le haut de la tribune Lenoble. Ah tenez, Lenoble je l’ai bien connu lui aussi ! Pierre Lenoble était un supporter de Rouen qui accompagnait l’équipe pendant les années 50 et 60. Tout comme Guy Labrosse d’ailleurs, dont les plus anciens se souviendront… J’ai connu le fondement du FCR.

    Samedi, vous donnerez le coup d’envoi du match. Ressentirez-vous une émotion particulière en entrant sur la pelouse ?

    Bien sûr ! Vous savez, je n’aime pas le FCR pour être porté au pinacle, mais ce qui m’a touché c’est que Monsieur Maarek pense à un petit supporter de Rouen. Car je ne suis rien d’autre qu’un petit supporter, même si cela fait très longtemps que je paie mon abonnement. On demande souvent à des vedettes de venir donner des coups d’envoi – d’ailleurs je suis intervenu pour faire venir à Diochon le comédien Alexis Desseaux (Valmont, la Cité de la Peur) que je connaissais bien – mais le proposer à des supporters, c’est du jamais vu. J’ai fait et vu beaucoup de choses dans ma vie, mais ce geste-là, ça me fait vraiment plaisir. Je suis touché. Oui, c’est le mot : touché…