33 ans de carrière, 2 Euros, 2 Coupes du Monde, 1 finale de Ligue des Champions et 1 de Ligue Europa, 1 Coupe du Monde des clubs, 2 titres de meilleur assistant de Ligue 1… Jeune retraité, l’arbitre international licencié au FCR et assistant attitré de Clément Turpin, donnera le coup d’envoi fictif du match face à Saint-Pryvé samedi. Entretien.

 

Après la Coupe du Monde au Qatar et un dernier match de Ligue 1, vous raccrochez les crampons au sommet de votre carrière.

C’est vrai que pour le coup, j’ai arrêté au bon moment. J’avais prévu de le faire après la Coupe du Monde, je trouvais que c’était bien de dire stop après la plus belle des compétitions. J’ai quand même voulu finir en Ligue 1, ce que j’ai fait sur PSG-Strasbourg, au Parc des Princes, le 28 décembre dernier.

 

Espériez-vous atteindre ce niveau d’arbitrage au début de votre carrière ?

Ah, pas du tout ! Quand j’ai commencé à 17 ans, mon objectif était juste de devenir arbitre régional. Alors grimper tous les échelons et accrocher le niveau international…

 

Comment un ado de 17 ans se lance-t-il dans l’arbitrage ?

J’avais un copain qui entraînait des jeunes et je lui donnais un coup de main en arbitrant les matchs, de façon amicale. Et puis un jour, son père qui était dirigeant à Barentin m’a demandé si ça pouvait m’intéresser de devenir arbitre officiel. J’ai dit « pourquoi pas« . J’ai passé l’examen théorique en 1989 et arbitré mon premier match en janvier 1990.

 

Comment jugez-vous l’évolution de l’arbitrage ces 30 dernières années ?

J’ai connu toutes les révolutions. Quand j’ai commencé, la passe en retrait au gardien était encore autorisée ! J’ai vu arriver l’exclusion en qualité de dernier défenseur, l’arbitrage à cinq, les oreillettes et bien sûr la VAR, qui a tout changé.

 

« Je suis aussitôt tombé amoureux du club. L’ambiance était exceptionnelle pendant ces années-là »

 

L’arbitrage français est souvent décrié. Comment vit-on les critiques ?

Il faut essayer de passer très vite à autre chose mais ce n’est pas toujours évident. Quand tu te plantes sur un PSG-OM comme ça m’est arrivé – j’avais refusé un but valable aux Marseillais -, ça a énormément d’impact. Il faut faire abstraction de ce qui se dit dans la presse ou sur les réseaux sociaux et essayer de comprendre pourquoi on s’est trompé.

 

Quel est le meilleur souvenir de votre carrière ?

Il est récent puisque c’est la finale de la Ligue des Champions Liverpool-Real, l’an dernier au Stade de France. Jamais je n’aurais pensé arbitrer un match de cette importance, surtout un an après la finale de Ligue Europa. C’était une sorte d’apothéose.

 

Arbitrer est un atavisme familial puisque votre fils est également arbitre.

Oui, mon fils officie en régional 2 et mon neveu en U17 Nationaux. L’héritage est assuré (rire).

 

Vous êtes licencié au FCR depuis 2005. Quelle est votre histoire avec le club ?

J’ai vu mon premier match à Diochon au début des années 80. Pour l’anecdote, ça aurait dû être le 7-1 face à Nancy mais au dernier moment, mon père a eu un empêchement. On y est retourné deux semaines après pour Rouen-Strasbourg, le jour du tournage du film « À mort l’arbitre ». Je suis aussitôt tombé amoureux du club. L’ambiance était exceptionnelle pendant ces années-là. J’ai adoré aussi la période Orts-Horlaville. J’avais la chance d’être au lycée des Bruyères et j’allais les voir à l’entraînement quand j’avais une heure de creux. Du coup, quand j’ai commencé à arbitrer, mon rêve était de faire un match à Diochon. Et malheureusement, mon vœu a été exaucé assez rapidement. Je dis « malheureusement » parce que le club est descendu en National 2, niveau où je venais de monter en 1995-1996. Ensuite il y a eu la génération 2002-2003. J’étais dans le stade pour le match de la montée en L2 contre Besançon.

 

Vous donnerez le coup d’envoi samedi. Une émotion particulière ?

Oui, comme j’avais fait la touche lors de mon match à Diochon, ce sera la première fois que j’entrerai vraiment dans le rectangle vert. Je vais enfin fouler le rond central de Diochon !