Les moments forts de sa carrière, son style de jeu, la concurrence, les ambitions du club : à 29 ans et alors qu’il attaque sa quatrième saison au FCR, le dernier rempart rouennais se confie. Sans concession.

Jonathan, en début de carrière tu as joué à Bastia et à Ajaccio…

J’ai la chance d’avoir fait les deux, oui. C’est assez rare mais ça existe, la preuve ! J’ai été repéré à 15 ans par le recruteur de Bastia. Et quand le Sporting est descendu en National, j’ai suivi mon directeur de centre de formation à l’AC Ajaccio. J’avais une grande gueule et pas d’agent à l’époque alors je n’ai pas signé pro là-bas. Mais j’ai quand même fait un banc en Ligue 1, en doublure d’Ochoa.

Un gardien plutôt fantasque…

Il était trop fort, ce gardien ! Je ne sais pas pourquoi il n’a pas poursuivi en Ligue 1 par la suite. Il était de l’école sud-américaine et ne faisait rien comme nous à l’entraînement. Mais en match, il sortait des parades incroyables.

Tu as ensuite rejoint Aurillac, en N3.

J’y ai passé trois belles années en engrangeant des matchs et de l’expérience. Derrière, après un passage par Limoges et deux ans à Cholet, j’ai atterri à Rouen.

Plus ta carrière avance, plus tu remontes vers le nord !

(Il se marre) C’est vrai. À ce rythme-là, je vais finir en Suède ou au Danemark !

Tu arrives donc au FCR et dès ta première saison, tu montes en N2 et tu es désigné meilleur joueur de l’année.

Oui, on a tous fait une grosse saison et la récompense est arrivée avec cette montée. Et la suivante était bonne aussi, je crois qu’on n’encaisse que 15 buts en 20 matchs. Maintenant, cela fait trois années que je suis ici et tout va bien.

On note une certaine ressemblance avec Anthony Lopes, dans ta gestuelle et ton côté sanguin notamment.

Ha, ha, on me l’a souvent dit. Je suis un gardien assez mobile, nouvelle génération. Je sors, je joue au pied, je prends des risques. Je ne reste pas sur ma ligne, comme je vois beaucoup le faire en Ligue 1 et Ligue 2, où c’est « tout pour la sécurité ». Ils ont trop peur de faire une boulette. Après, c’est peut-être aussi pour ça que je n’ai pas franchi le palier pour aller plus haut. Peut-être que je prends trop de risques dans mon jeu… Mais bon, il faut oser, prendre du plaisir sur le terrain.

« J’ai joué contre Umtiti, j’ai mis un crochet à Beauvue… »

Le meilleur souvenir de ta carrière, c’est ce match de Coupe gagné 3-0 face à Metz ?

Ça en fait partie, clairement. Mais à Limoges, toujours en Coupe, on avait sorti Auxerre puis joué contre Lyon au tour suivant, devant 15 000 spectateurs. J’ai joué contre Umtiti, j’ai mis un crochet à Beauvue…

Beaucoup de jeunes sont arrivés à l’intersaison, est-ce que cela change quelque chose pour un « ancien » comme toi ?

Oui et non. Désormais, je suis un cadre, alors je dois montrer l’exemple et les accompagner dans leur progression. Mais d’un autre côté, on a gardé une grande partie du groupe de l’an passé. Surtout dans le secteur défensif : Abdel (Ouadah), Clem’ (Bassin), Val’ (Sanson) et Mouss’ (Benzia) sont toujours là, on a nos repères.

Comment se passe la concurrence avec Jeff Baltus ?

Très bien. On s’aide sur les analyses de match et ce qu’il y a de bien, c’est qu’on a deux profils très différents. Cela permet de bosser ce que moi je n’ai pas et inversement. Au final, on est complémentaire.

On t’a prêté des envies de départ à l’intersaison…

J’ai été sollicité, c’est vrai. Mais déjà, j’avais un contrat ici. Et puis, j’avais envie de m’inscrire dans le projet du club, d’aider Arnaud et Foul dans leur nouveau rôle et de rester avec mes coéquipiers. Je me sens bien ici et je sais que le club peut évoluer plus haut.

Justement, comment tu « sens » cette saison qui démarre samedi ?

Difficile à dire. On a fait de bons matchs amicaux et une super préparation physique avec Thomas Legrand. Cela commence à prendre forme. Maintenant, il va falloir trouver cet équilibre entre les jeunes et les anciens et réussir notre petite tambouille. Ce qu’il y a de bien, c’est qu’on va jouer sans pression et cela va peut-être nous libérer. Après, parler d’objectif… On fera un bilan à la trêve et on verra où l’on sera à ce moment-là. Les autres équipes se sont renforcées, notre poule va être très homogène. On ne va pas se prendre la tête et donner le maximum à chaque match. La différence se fera en mars, il faut être patient.