Une carrière et des stats qui parlent d’elles-mêmes, une expérience sans équivalent dans l’effectif et un discours aussi affûté que le bonhomme. Le nouveau milieu offensif du FC Rouen livre ses premières impressions. Et ça vaut le détour.

Ludovic, ta carrière explose vraiment à Reims en 2011, avec une super première année en National.

C’est vrai. Mais avant ça, j’avais fait une première saison pro à Niort, sans jouer un match, ce qui m’avait obligé à repartir de plus bas en passant par Martigues, Fontenay puis Compiègne en CFA, où je me suis fait remarquer avec 11 buts et 11 passes décisives. C’est comme ça que j’ai signé à Reims, en National.

Reims où tu décroches la montée dès ta première saison. Et où tu découvres la Ligue 2, championnat dans lequel tu vas évoluer sept ans de suite.

Oui, j’ai commencé en Ligue 2 à Reims, puis j’ai poursuivi à Laval. Lors de ma seconde année en Mayenne, j’ai marqué 9 buts et délivré 6 passes décisives, un total assez élevé pour un attaquant excentré. C’est ma saison référence en Ligue 2.

Tu performes aussi à Angers, où tu joues une demi-finale de Coupe face à Rennes, avant de passer trois ans au Havre où tu rates la montée en Ligue 1 dans des conditions rocambolesques à la dernière journée…

Oui, avec ce fameux match face à Bourg-en-Bresse où le on mène 5-0 pendant que Metz perd 1-0 à Lens. Il n’a manqué qu’un seul but pour monter… Niveau ascenseur émotionnel, c’est la soirée la plus incroyable de ma carrière.

Je ne sais pas si on t’a prévenu mais ici, avoir joué au HAC, ce n’est pas forcément bien vu…

Je sais, j’y ai pensé quand le club m’a contacté. Pour être honnête, j’en ai même parlé aux dirigeants. Je leur ai dit que j’espérais que mon passé de Havrais ne serait pas un souci pour signer ici. Maintenant, je ne passe directement du HAC au FCR, et puis la rivalité n’est peut-être plus aussi vivace du fait que les deux équipes ne se sont pas rencontrées depuis longtemps…

« Si je peux jouer jusqu’à 40 ans, je ne vais pas me gêner. »

Après 170 matchs de L2 et 40 de National, à 35 ans qu’est-ce qui te motive à te lever chaque matin et aller t’entraîner pour relever un challenge en N2 ?

Si j’avais pu rester un peu plus haut, j’y serais resté. Mais en France, on a un vrai problème avec l’âge. Après mon départ du Havre, j’ai pas mal galéré, j’ai passé deux fois six mois sans jouer. Et puis j’ai participé à la montée en Ligue 2 de Dunkerque où, à la fin de la saison, on m’a sorti l’argument de l’âge… J’aurais pu rester à Ajaccio pour profiter du cadre de vie mais… j’ai toujours l’envie. Je suis un vrai passionné de foot, j’aime trop ça. Je n’ai pas besoin de motivation pour aller m’entraîner le matin. Et je ne me fixe aucun âge limite. Tant que mon corps suit et que l’envie est là, si je peux jouer jusqu’à 40 ans, je ne vais pas me gêner.

En fin de carrière, c’est un choix assez rare de privilégier l’aspect sportif.

Je n’ai jamais joué en Ligue 1 et ma carrière est ce qu’elle est, mais… Quand j’arrêterai, que je regarderai en arrière et que je verrai que j’ai joué dans des clubs historiques comme le Havre, Reims… Ce sont des trucs qui comptent, à l’arrivée. Et Rouen fait partie de cette catégorie. Ce club a une histoire. Il a besoin de briller à nouveau mais c’est un club d’envergure. Je me souviens parfaitement être venu jouer à Diochon avec Reims, je me souviens de la grosse ambiance qu’il y avait dans le stade… Il y a une ferveur autour de ce club et ça se voit.

En t’observant à l’entraînement, on sent que tu connais ton corps et que tu en prends soin. C’est quelque chose que tu cultives depuis longtemps ou c’est venu avec l’âge ?

Mon corps a changé avec l’âge, j’ai dû prendre le train en marche. Je m’étire, je vais en salle de muscu avant et après l’entraînement… Ça fait partie des mes routines. J’en ai besoin. Et puis, à part une pubalgie à Reims, j’ai eu la chance de ne pas avoir beaucoup de blessures. L’hygiène de vie et le travail invisible, tous ces petits détails, ça compte sur le long terme.

Tu arrives dans un groupe plutôt jeune, surtout dans ton secteur de jeu. Encadrer des jeunes, c’est ton truc ?

Si je peux conseiller ou aiguiller un jeune, je le fais. Mais je préfère être un « leader d’attitude ». Si me voir faire mes échauffements et mes routines en inspire certains, tant mieux. Une carrière, ça passe vite. Plus vite un jeune joueur en prend conscience et mieux c’est. Après, s’ils ne sont pas à l’écoute ou pas rigoureux, j’ai un peu de mal à me retenir et je peux leur rentrer dedans si j’estime que j’ai à le faire.

Tu as connu des montées avec Niort, avec Reims, avec Dunkerque… Une de plus, ça t’irait ?

Ah, je prends ! Si elle se présente, je ne vais pas m’asseoir dessus !

Un dernier mot pour le public de Diochon que tu vas bientôt découvrir ?

Je suis heureux d’être ici, dans ce club, avec de la pression et de la ferveur. Soyez cools : laissez mon passé de Havrais derrière moi et laissez-moi ma chance (rire).